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20 février 2014 4 20 /02 /février /2014 17:20

S..., le 27/11/2013

 

 

Dong, dong, dong ! Votre attention, s'il vous plaît. Le TER numéro...863044... en provenance de Poitiers... et... à destination de... Tours, initialement prévu à 13h46, arrivera, voie D... avec un retard d'environ 10 minutes...Merci de votre compréhension.

 

L'aventure commence !

Voyons, voyons... Combien ai-je de temps à Tours pour attraper l'Inter-cité qui me mènera à Paris-Austerlitz ? Hum... 40 bonnes minutes. Ça va. Y a pas mort d'homme...

N'empêche, y en a marre de ces retards récurrents liés aux difficultés de régulation de trafic ! Et puis, environ dix minutes, ça veut dire quoi au juste ? Ça veut tout aussi bien dire 5 comme 30 minutes ! Est-ce qu'on sait ? Et puis quoi ! Régulation de trafic, ça va bien comme ça, hein !

Au lieu de réguler, ils feraient mieux de prévoir, non ? Ils ne sortent tout de même pas de nulle part ces TGV qui passent devant mon nez comme des fusées avant mon TER sous prétexte qu'ils sont prioritaires ?

 

Calme-toi... Là... Respire.

Regarde, t'es bien là sur ce banc de quai, pas vrai ? Même qu'un rayon de soleil vient gentiment réchauffer ton crâne fraîchement rasé ! Laisse-toi aller...

 

Arrivé à Tours, je suis détendu. J'ai dormi dans le TER. Un peu. Et surtout, j'ai commencé un livre.

Hum ! Quel livre ! Je regrette presque cette escale tourangelle. Je dois interrompre ma lecture, descendre du train, m'informer du quai sur lequel m'attend « L'inter-cité » (pas encore annoncé mais je parierais que c'est le « G » !) et attendre. Oui, attendre encore...

Mais bon, j'en profite pour fumer une cigarette dehors. Ouah ! Complètement transformée la place de la gare de Tours ! De l'espace ! Et c'est largement piétonnier. Punaise, ils vont vite tout de même. Y a quinze jours, derrière les palissades de chantier, je n'imaginais pas une telle mutation.

 

J'aime bien les « Inter-cités »... ça rappelle les anciens « corail ». Mais on ne dit plus ça, c'est tout.

Y a pas de réservation. On choisit la voiture que l'on veut. N'importe où. Où ça nous chante. A l'instinct... Les premières voitures, hum... je ne les sens pas. Plutôt au milieu, tiens ! Voire, voire, un peu plus avant que le milieu. De toute façon, il y a de la place partout. Je m'installe enfin et... et je reprend ma lecture.

Je jette un œil parfois au travers de la fenêtre poussiéreuse du train qui se traîne un peu, moi qui connaît régulièrement l'ivresse des 300 kilomètres par heure du TGV, et, indéfectiblement, je reconnais l'entreprise, le site, le bâtiment « Quelle », complètement en friche, avec ses vitres cassées et son air désolé. Un désastre économique et social. Et un client de moins pour la Poste, que je me dis...

 

Paris-Austerlitz...

J'aime et je n'aime pas cette gare. C'est compliqué.

Enfin... sans l'aimer vraiment, elle est « chargée » pour moi. Affectivement, ou quelque chose comme ça... C'est la gare de mes vacances quand j'étais enfant. C'était l'endroit d'où je pouvais enfin m'échapper du confinement de notre appartement parisien. Mais pas seulement... C'était la liberté, aussi... Bon.

Et je ne l'aime pas parce qu'ils l'ont enlaidie avec leurs travaux souterrains et leurs bouleversements de surface. Elle ne ressemble à rien cette gare, aujourd'hui. Il semble qu'il n'y ait pas eu de projet d'ensemble. Qu'il y ait eu nécessité de la moderniser, j'en conviens tout à fait. Mais tout ça me paraît incohérent, improvisé. Cette transformation, à l'évidence, n'a pas été pensée.

 

Ah, ah, la ligne 5... Porte d'Italie - Pablo Picasso. Sans doute la ligne de métro que j'ai le plus empruntée de toute ma vie. Je crois pouvoir citer de mémoire toutes ses stations.

Avec ses grands carrefours que sont la « Place d'Italie » mais aussi la « Gare d'Austerlitz », précisément. Et encore, « République », « Gare de l'Est », « Gare du Nord » ! Autant de correspondances, de passerelles, de sas, qui me permettaient de me rendre où je voulais dans Paris.

Est-ce qu'au moins, j'ai un ticket, moi ? Oui, j'ai... Même plusieurs...

 

Tiens ! Ben, voilà... Gare de l'Est, j'y suis.

Avant de te connaître, Bibi, cette gare m'était... comment dire... indifférente.

Très franchement, je n'avais rien à y faire. Je savais qu'elle existait, évidemment, et je l'ai arpentée quelquefois ( j'aurais bien du mal à me souvenir en quelles occasions...) mais je ne la pratiquais pas. Voilà...

Depuis quatre ans, je ne connais qu'elle. Tu imagines...

Et je l'aime bien cette gare. Tu y es pour beaucoup. Tu t'en doutes.

Mais bon, indépendamment du fait qu'elle représente une sorte de grande porte qui s'ouvre vers toi, elle a un charme que j'ai un peu de mal à définir. C'est... comme si elle offrait, outre ce que je viens d'évoquer, le plaisir de te retrouver tout ça... c'est comme si elle pouvait nous permettre de plonger aux confins du continent. Des milliers de kilomètres jusqu'à Vladivostok ! Au bout du bout de la terre. A l'Est... Avec plein de correspondances, à n'en pas douter...

Mais ce n'est pas seulement ça. Elle me plaît bien parce qu'elle est lisible. C'est bien rangé, je ne sais pas...

 

Nancy...

Là , à Nancy, je le sais. J'ai fait le plus dur. Enfin... entre guillemets... Je ne les ai pas mis car je n'ai pas osé...

A Nancy, je suis en Lorraine. Dans ta région.

Et, oui... tu le comprends, j'en suis sûr. Là, je me sens enfin chez moi ! C'est comme si un tas d'obligations, de contingences m'avaient éloigné de l'endroit où, enfin, je pouvais retourner et te retrouver.

Je sais que je suis en Lorraine et pas loin des Vosges quand je descends du train pour fumer une cigarette. J'ai dix minutes. C'est programmé.

Ouais, là, c'est sûr, j'y suis... Par rapport à Paris, un différentiel de pas moins de cinq ou six degrés ! Y a même de la neige sur le quai ! C'est ça ! On est dans l'Est.

Une bonne moitié de ma voiture se vide. Tant mieux. L'obsédé du portable, aussi. Un soulagement. Ainsi que ce petit monstre qui n'a pas arrêté de geindre depuis Paris à deux rangs de moi. Ce n'est pas à lui que j'en veux mais à ses parents qui sont en dessous de tout.

A Épinal, je suis quasiment seul. Je prends mes aises. Je n'ai plus envie de lire. Je n'ai pas d'autre désir que celui de t'embrasser.

 

A Remiremont, de loin, je te devine. Puis, j'avance et je te voie. Tu me souris.

Je te touche. Je te sens. On se fixe.

Tu n'es donc pas seulement une fée, un rêve !

Tu es là, bien là. Je t'embrasse. Je passe mon bras sur ton épaule.

On est ensemble. Encore une fois...

Et c'est bon.

 

Et à chaque fois, je me fais cette réflexion...

Lors de ces voyages, je croise des centaines d'individus et pourtant je ne regarde personne.

A voir...

 

 

 

 

 

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